Au Bar Défi Lancé

if you gotta ask, you'll never know!

Saturday, December 09, 2006

Dientes salidos

Marcando la differenzia toda la tierra
Puedes llegar tan lejos como te lleven tus sueños
Heroes de Malvinas, alianza cristiana y misiona argentina, picadero!
Les ornieres les charrettes les épis de blé la terre arrachée, chantez!
Et les camions bidons d'eau ou de gaz
Le vent le vent le vent vous cache
Ou cette voiture bleue aux phares puissants la gueule enfouie dans les graviers
Ou l'ombre cadencée des linges militaires
Oui tournez-vous si le vent hirsute s'habille comme une maison vide et noire sans porte sans toit sans rien
Où l'adrénaline et la nausée des cul-de-sac figés dans la glace tremblent tremblent tremblent

La roue tourne le lac est loin maintenant et vous vos mains ne tiennent qu'a un fil, a ces deux silhouettes enfantines, et ce chaque jour un peu plus, chaque jour plus jamais ce jour que jadis vous n'aimiez pas (vous l'aimiez tant), le voila qui trotte le long des murs
Corralon Los Antiguos
ou qui arrose ingenûment la terre avec un tuyau bleu et des gestes de petite fille.
Veni aka chico! Veni aka!
Si comme une mauvaise herbe vous travaillez dur vous aurez peut-être la chance de vous voir offrir un chevrolet S10 et la route gratuite l'hôtel pour visiter les parcs les glaciers les lézards le bec des toucans ou l'oeil rond des Indiens flottant
Cruz del Sur
Je fais l'école provinciale des déserts manquants
Mirador, valle del Rio y consejo agrario
Le vent le vent carrossé le vent station service Falcon et la piqûre du soleil
Cet Arnold se viene Arnold 2007 Governador
Fiesta Nacional de la Cereza 5-6-7 Enero 2007
Cette blanche terrible joie de vivre la voila

Sunday, November 26, 2006

Mari Mari

J'ai des cuves d'outremer et de gentianes
En voulez-vous?
Des trucks
Sans barriere ni grillage
Des Huekeche Des Epu-Lil Des Victoria
Des Toca Guazu
Et devant moi
La Patagonie

Thursday, July 20, 2006

Du danger qu'elle passe


J'ai la vérité dans un fauteuil. Elle est vieille, ne sent pas très bon et rit très fort. Malgré son grand âge elle porte une robe noire très courte d'où rebondit sa peau fripée d'actrice. Dans ses longues dents lentement, un sucette rose.
Ses yeux sont bleus, presque blancs maintenant, ronds, humides et perçants. Elle porte ses pouces à ses tempes, lève ses autres doigts au ciel comme son visage une fleur, roule des yeux de fête, avance ses lèvres terreuses et d'un cri sec :

_ Bouh! Mouaahahah! Bouh!

Tuesday, December 06, 2005

Cheese!


Il vaut mieux laisser certaines choses de côté. Ainsi quand une femme vous intrigue, laissez-la dans son mystère. Mettez-lui un drap sur la tête et passez votre chemin. Si toutefois cette méthode vous angoisse, attachez-lui les mains. Si jamais un fantôme vous hante - souvenir, absence, culpabilité - trouvez une femme qui vous intrigue. Et si vous n'avez pas un tempérament à trouver les femmes, ne négligez pas l'intérêt des métamorphoses.

Ces théorêmes tournés vers l'action prouvent que les problèmes et les angoisses n'existent pas. Pour vous en assurer, choisissez une personne au hasard dans la rue et remplacez-la : vous verrez que rien n'arrive. Si c'est une femme et qu'elle vous court après, achetez un drap.
Ca n'est pas un sophisme, c'est la vie telle qu'elle se montre quand on la sort comme une figurine. Une figurine parmi d'autres. Parmi des milliers d'autres. Les problèmes ne peuvent exister que lorsqu'on sort de sa boîte - lorsqu'on veut s'arrêter de jouer.
Si vous ne me croyez pas, regardez la télévision.

Friday, December 02, 2005

Le papillon


Un crâne sur la table. Un crâne en bronze. Deux dents cassées. Une vanité fume. Sur le devant un drapeau des Etats-Unis. Un ventilateur. Le ventilateur fume. Une chevelure de femme. Pas de femme. Deux créatures à l'ombre au frais s'endorment. Leurs parfums ventilent une odeur de chiffre. L'homme chiffonne un bout de papier entre ses doigts, et me le jète. Une phrase est écrite :

"Un chemin mène sûrement vers quelque chose de rationnel : ouvrez toutes les portes."

L'homme assis à son bureau hurle au téléphone :
_ Pourri pourri les voilà! Il faut courir et leur échapper merde! Mais non! Ce n'est pas une chose que l'on savoure! Tu ne vois pas que tout est faux ici? Tu ne le sens pas??
L'homme raccroche le combiné. Je suis sûr qu'il n'appelait personne. Il fait tourner son fauteuil vers moi:
_ Allons viens voir de ce côté, regarde cette fumée... Elles sont belles, hein? Tu aimerais qu'elles te parlent, tu te contenterais même d'un regard, non? Mais regarde plutôt, mange toute la salle. Ca y est, tu sens?
_ Je sens des parfums. Les parfums fument... Les parfums me cachent quelque chose...
_ Choisis-en un et suis-le. Suis-le jusqu'au bout.
_ Il y en a beaucoup. Je ferme les yeux. J'imagine le désert. Je vois les femmes seules sur le sol séché. Je vois les fissures et les trous de la terre. Ca y est. J'ai isolé une odeur, un chiffre et une robe. C'est une robe jaune. L'odeur est lourde et entêtante. Elle vient des fissures, de l'arbre et de la terre retournée. Je suis la femme. Nous fonçons entre les statues immobiles et friables. Un soleil blanc se lève.
_ Ah! Tu y es presque. Attends un peu maintenant. Le soleil s'est levé pour te montrer quelque chose. Arrête la poursuite et regarde autour de toi.
_ Des crânes. Des crânes fument sous le soleil. Les peaux s'endorment et les chevelures font des virages vers le ciel. Tous semblent attendre...
_ Voilà. Ils attendent comme toi. Ils ont vu que tu les regardais. Ils ont vu tes yeux et ils n'ont pas pu se cacher. Attention maintenant il faut que tu fasses vite. Où est la robe jaune?
_ La robe jaune a tout vu elle aussi. Elle m'a souri comme à un enfant puis s'est fondue dans la foule. Je crois qu'elle m'invite à la suivre.
_ Suis-la. Suis-la vite et dépêche-toi. C'est une chance rare. Où va-t-elle? Ne la perd pas surtout!
_ La foule est décharnée et ne peut plus rien me cacher. Les chevelures se sont envolées, les parfums meurent. La robe jaune est un courant d'air qui file à toute vitesse. Je me mets à courir. Mille portes noires s'effondrent. Nous filons par les trous des serrures, le long des plaintes, puis sous les plafonds qui tombent derrière nous, à toute vitesse - nous sommes aspirés et elle me sourit toujours.

L'homme est secoué d'un rire d'une profonde jeunesse. Il hoquète puis s'endort avec douceur. Le ventilateur fume.

Monday, November 28, 2005

666


Je n'en peux plus. Ca fait des jours qu'on est enfermé dans ces boîtes à calcul, je suis devenu une chaussure, ou pire, un chiffre. Ils nous rangent deux par deux, comme des nombres. Si je me mets avec la belle brune d'en face, quel total ferons-nous? 01? 54? 66? 99?!
Quand j'ai compris que chacun de nous était un chiffre, j'ai commencé à avoir peur des téléphones... Tout était lié, et depuis le début. Si j'appelle quelqu'un en commencant par le 01, c'est que je pense à deux personnes, dont l'une est un échec sur pattes... Si j'utilise un autre opérateur, et que je compose le 44 par exemple, c'est que je suis sorti de la médiocrité, grâce à deux personnes plutôt brillantes, mais sans aucune personnalité.
Le téléphone avait donc ce vice de nous faire croire que nous avions le choix, que chaque numéro comptait. En vérité chaque combinaison, malgré des millions de possibilités, utilise les mêmes chiffres, à une ou deux variations près. Cela signifie que chaque adresse, chaque destination, chaque désir est identique et médiocre. Pour désirer et aboutir, il faut donc éviter le téléphone, ou toute autre forme d'appel. Il faut à tout prix garder ses distances.

Quand j'ai commencé à détruire tous les téléphones qui étaient à ma portée, personne n'a compris. Mais cette période-là m'a fait m'épanouïr; j'avais les yeux qui brillaient, toujours le sourire au coin des lèvres, et même un peu d'humour pour m'aider dans ma lutte. Le problème c'est que les chiffres, les téléphones et ceux qui les détruisent, ça ne fait rire personne. Tout le monde m'a pris pour un fou, sauf deux amis.
Certains pensaient que pour s'investir avec tant de hargne dans un simple problème de téléphonie, il fallait être d'un nihilisme particulièrement profond et dangereux. Qui était cet homme qui, sous pretexte de libérer les hommes d'une représentation chiffrée, avait déclaré la guerre à tous les combinés? Il y avait forcément une vraie raison cachée derrière, une raison humaine et fangeuse, un mouvement politique, voire terroriste.
D'autres ne supportaient pas qu'on veuille libérer l'homme de quelque chose :
"_ Allons bon! Qui est cet agitateur qui se prend pour Dieu en voulant élever notre condition au-delà des chiffres? Mais être pris dans les chiffres est une petitesse qui nous convient à tous! Il faut juste apprendre à accepter la vie comme elle est! A notre époque nous vivons entourés de chiffres, et alors? Vivons!Bordel ça me rend fou ces idéalistes qui se croient capables - et surtout obligés - de sauver quelqu'un, ou quelque chose! Ces monstres qui veulent nous déchirer, sous pretexte de nous aider!"

Cette entreprise a eu pour effet immédiat de dynamiter ma vie sociale. Quand mon employeur m'a pris en flagrant délit assis dans mon bureau, les jambes croisées sur ma table, en train de siffler l'air du Danube Bleu tout en dépeçant le portable de sa secrétaire, ses pupilles ont gonflé, comme deux billes de mercure soumises à une température excessive.
Le regard de ma femme a changé lui aussi :
"_ Chéri, au revoir. Quand tu auras tout détruit, appelle-moi."

C'est alors qu'a commencé la période la plus heureuse de ma vie.

Wednesday, September 21, 2005

Dialogue (2)

"_ ... C'est simplement que je trouve la philosophie de l'Orient plus satisfaisante que celle de l'Occident, si tu veux le savoir.
_ C'est vrai? Qu'est-ce que tu veux dire par philosophie? Tu veux dire le sexe et tout? Tu veux dire que c'est mieux en Chine?"

J. D. Salinger - L'Attrape-coeurs